Executive production: Laurent Bizot & Thibaut Mullings
Co-produced by David Neerman & Frédéric Soulard
Lansiné Kouyaté - balafon
David Neerman - electric & acoustic vibes, drums (tracks 4,9),
bass synth (track 4)
Antoine Simoni - bass, bass synth (track 9)
David Aknin - drums, additional drums (tracks 4,9)
Recorded at Studio Val d'Orge, Epinay-sur-Orge,
from September 14th to 19th 2010
by Frédéric Soulard, assisted by Pierre Favrez
except Dietou recorded at Studio Pigalle, Paris, on November 8th 2010
By Frédéric Soulard, assisted by François Gueurce
Mixed at Studio Soyuz, Paris
from October 11th to 20th and on November 20th and 21st 2010
by Frédéric Soulard & David Neerman,
assisted by Benjamin and Malcom Neerman
Mastered by Chab
at studio Translab, Paris, on December 7th 2010
Guests :
Ballaké Sissoko - kora on Dietou
Anthony Joseph - lead vocals on Haïti - courtesy of Heavenly Sweetness
All songs composed by Lansiné Kouyaté and David Neerman, published by Nø Førmat!
except Requiem pour un con (S. Gainsbourg, M. Colombier) published by Hortensia SARL
and Kalo Dié (L. Kouyaté, D. Neerman, D. Aknin, A. Simoni)
published by Nø Førmat!
Kouyaté sans Neerman, c’est Lansiné Kouyaté. Griot de Paris, virtuose du balafon originaire de la région de Kangaba au Mali, enfant de la balle (fils de l’immense chanteuse Siramory Diabaté, que son mari accompagnait au balafon), musicien précoce et prodige, qui a fait ses classes dans l’Orchestre National du Mali avant d’accompagner des stars des musiques du monde (Salif Keita, Mory Kanté, Omar Sosa, Cheick Tidiane Seck...).
Neerman sans Kouyaté, c’est David Neerman. Musicien français qui a fait fructifier son cursus (études de percussions classiques et de piano) en choisissant cet instrument à la fois clavier et percussions, le vibraphone, trimballé dans les projets les plus divers (jazz, world, electro, noise, aux côtés de Youn Sun Nah, Anthony Joseph, Alice Lewis, Krystle Warren...), pourvu qu’ils aient un parfum d’aventure.
Kouyaté-Neerman, c’est plus que la juxtaposition de deux hommes, deux cultures, deux pratiques musicales. Quand ils commencent à jouer ensemble il y a huit ans, David Neerman et Lansiné Kouyaté savent que leurs instruments sont de lointains cousins. Au fond du vibraphone sonne un balafon, et réciproquement. Mais le dialogue instrumental qu’ils inaugurent ne se limite pas à la recherche d’airs de famille. Les deux hommes partagent autre chose : la curiosité, le besoin d’une expression vraiment personnelle, l’envie d’ouvrir une voie qui aille plus loin que le croisement de deux chemins. Ils connaissent le passé (la tradition mandingue, le jazz), mais conversent au présent. Et s’inventent un futur radieux avec Kangaba, leur premier album (enregistré avec une section rythmique), sorti à l’été 2008. Kangaba est le nom de l’ancienne capitale mandingue, visitée comme en rêve, au terme d’un périple déboussolé qui serait passé par New York et la Jamaïque. Très bien reçu par la critique, le disque permet au duo de beaucoup tourner et, grâce à la scène, d’affermir ses muscles, d’enrichir son propos, de découvrir de nouvelles énergies.
Skyscrapers & Deities, deuxième album enregistré à l’automne dernier dans un studio analogique de la banlieue parisienne, est le fruit mûr à point de cette évolution. Lansiné joue toujours comme s’il déclenchait une averse tropicale sur des feuilles de nénuphars, David a encore (plus) branché son vibraphone sur d’étranges pédales d’effets (distorsion, wah-wah). Le duo s’appuie sur une nouvelle section rythmique, celle qui les a accompagnés sur scène : Antoine Simoni à la contrebasse et David Aknin à la batterie, deux musiciens ouverts aux rythmes du rock et du hip-hop. Le titre, Skyscrapers & Deities, est tiré du texte slammé sur le morceau Haiti par Anthony Joseph, special guest et seule voix de l’album. L’autre invité de l’album, c’est le légendaire joueur de kora Ballaké Sissoko, ami de longue date de Lansiné, du temps où tous deux jouaient dans l’Orchestre National du Mali.
Qui dit gratte-ciels (« skyscrapers ») dit modernité, altitude et point de vue panoramique. Qui dit divinités (« deities ») dit magie ancestrale, esprits, qu’ils soient de la forêt ou des nuages. L’album plane entre tout cela, entre l’horizon et le vertige, la technologie et le spiritisme. « Avec ce disque, on a atteint une autre dimension », explique David Neerman, « avec Lansiné, on se connaît plus et on se comprend mieux. Tout se fait dans la joie, c’est de plus en plus facile, on n’a pas peur de se laisser embarquer là où la musique veut bien nous emmener ». A la recherche des racines ? Non. Plus haut, plus loin. Skyscrapers & Deities est un disque de canopée, cet espace rare où le haut de la forêt rencontre l’atmosphère et la lumière du soleil. Les racines sont là, mais elles sont loin. Ce sont les branches, les ramifications, qui se rejoignent. Les cimes sonnent (comme disait Homer). Dans ce disque, on entendra bien sûr le terreau mandingue et jazz, mais aussi des influences de dub, d’éthio jazz, de Gainsbourg (dont le duo reprend Requiem pour un c...), de BO de films qui restent à tourner, voire une gamme de musique hongroise. Des influences comme des reflets scintillants, des échos subliminaux, des éclairs d’orage dans le ciel d’une musique mouvante, libre, contemporaine.
Dans le deuxième épisode de leurs aventures, David Neerman et Lansiné Kouyaté résolvent la quadrature du cercle : ils inventent la world-music du monde d’aujourd’hui, où la possibilité matérielle d’aller partout plus vite ne doit pas faire oublier qu’il faut voyager léger, et toujours y aller en profondeur, en explorateur, à la recherche du mystère, de l’hallucination, du frisson de fièvre.