Composed by Nicolas Repac, except
Pleure pas Nelly written and composed by Marc Fontenoy
Roses Blanches written by Charles Pothier and composed by Leon Raiter
Published by Nø Førmat! except
Pleure pas Nelly by Editions Beuscher Arpege
Roses Blanches by Meridian Editions
Patrick Goraguer - Piano sur Le Voyage Immobile et Harlem
Elisa Repac - Voix sur Pleure pas Nelly et Roses Blanches
Nicolas Repac - Voix sur Le Voyage immobile
Produced, recorded and mixed by Nicolas Repac
Mastered by par Alexis Bardinet & Lorenzo Bassaletti at Globe Audio Mastering, Bordeaux, France
(P) & © 2024, Nø Førmat!
En 2004, parmi les quelques références actant la naissance du label Nø Førmat!, paraissait l’album Swing Swing de Nicolas Repac. Reconnu déjà dans le monde de la chanson pour sa complicité artistique avec Arthur H mais aussi pour avoir publié en tant qu’auteur-compositeur-interprète un album aux atmosphères nocturnes et oniriques très personnel (La Vile), Repac révélait dans cette divagation électro-ludique autour du jazz des big bands swing des années 30 un “art du sample” à l’état sauvage d’une grande puissance poétique instinctive.
Vingt ans plus tard Nicolas Repac s’est non seulement imposé comme un producteur et arrangeur inventif, poursuivant son partenariat au long cours avec Arthur H tout en s’engageant dans des collaborations inspirées avec de nombreux artistes de la scène africaine (Mamani Keita, Abou Diarra, Dobet Gnahoré), mais, appliquant et affinant les techniques de composition expérimentées dans Swing Swing aux mondes du blues (Black Box) et des enregistrements ethnomusicologiques (Rhapsodic), comme l’un des créateurs les plus originaux dans le petit monde de la musique électronique européenne contemporaine.
À l’occasion de son 20e anniversaire, le label Nø Førmat! a proposé à ce compagnon de route de la première heure de replonger dans l’imaginaire à la fois suranné et moderniste du jazz des années folles, pour ajouter un volume à son cycle de tableaux sonores en imaginant une sorte de suite à Swing Swing. Si l’on retrouve de fait, dans une poignée de morceaux tout en ivresse rythmique, l’esprit de coq à l’âne formel qui donnait sa tonalité générale joyeusement surréaliste à Swing Swing (Harlem, Scatastrophes ou encore Swingphony), Nicolas Repac dans Gramophonie élargit considérablement ses territoires tant idiomatiques qu’émotionnels pour tout doucement faire dériver le climat général de l’album du côté de l’intime et de la mélancolie. Avec une haute technicité virtuose ne sacrifiant jamais la spontanéité créative aux mirages du contrôle et du “savoir-faire”, Nicolas Repac utilise ses machines moins comme un ingénieur que comme un poète, plongeant au cœur de son inconscient pour en ramener, à la manière d’un carnet de rêves éveillés, une série de morceaux tout en associations libres déroulant leurs formes hybrides, vaporeuses et volontiers cinématiques, comme autant de confidences cryptées et énigmatiques. Retravaillant ses samples avec une méticulosité maniaque jusqu’à en extraire une forme de quintessence poétique à la manière d’un alchimiste pataphysicien, Repac invoque les fantômes d’un monde révolu pour mieux évoquer notre présent —faisant résonner dans Moulin bleu ou encore Nuit noire Place Blanche, la fausse insouciance du Paris d’il y a un siècle avec nos états d’âme les plus contemporains. Il y a une part non négligeable d’autobiographique au final dans Gramophonie qui tout du long trame de mélancolie, comme en filigrane, la plupart des morceaux aussi frénétiquement endiablés puissent-ils paraître…
Et lorsque Nicolas Repac fait surgir soudain, comme extraite d’un document familial, la voix fatiguée de sa mère chantant Pleure pas Nelly, en l’habillant d’un voile léger de cordes d’une douceur bouleversante, l’émotion brute qui étreint l’auditeur touche peut-être au cœur secret de cet album éminemment personnel.
Repères biographiques
Né le 11 décembre 1964 à Albi, Nicolas Repac a commencé sa carrière de musicien en autodidacte, cherchant à reproduire d’oreille à la guitare les succès de Bob Dylan et Tom Waits, pour finalement composer ses premières chansons et s’ouvrir au jazz et à l’improvisation. Monté à Paris à 23 ans pour devenir guitariste de jazz, il s’achète ses premiers synthétiseurs et boîtes à rythmes et commence à concevoir de la musique à partir de machines et de séquenceurs, rajoutant très vite à sa palette l’ordinateur et le sampleur, instrument majeur à partir duquel il pose progressivement les bases de son propre univers. Multipliant les collaborations il rencontre le chanteur/auteur/compositeur Arthur H, qu’il aide à réaliser l’album Trouble-fête, inaugurant une collaboration toujours vivace plus d’un quart de siècle plus tard.
Il se lance également dans une carrière solo signant pour Label Bleu un recueil de chansons urbaines et lyriques, La Vile. Elu “meilleur espoir masculin” au festival des Francofolies en 1999, il développe ses activités de producteur et arrangeur (Maurane, Alain Bashung..) et en 2004 enregistre pour le tout jeune label Nø Førmat! Swing Swing, malicieuse et ludique divagation électro autour du jazz des années 30. La réussite du disque lui ouvre de nouveaux horizons et notamment, toujours pour Nø Førmat!, une collaboration avec la chanteuse malienne Mamani Keita qui débouchera sur deux albums (Yelema et Gagner l’argent français) mélangeant jazz, rock, dub, musique mandingue et électro.
En 2007 Nicolas Repac publie un nouvel album de chansons, La grande roue, tout en poursuivant ses activités de producteur, et signe plusieurs partitions pour le cinéma, parmi lesquelles 21 nuits avec Pattie des frères Larrieu en 2015, Les enfants du 209 rue Saint-Maur, Paris 10e de Ruth Zilberman, et Le poulain de Mathieu Sapin en 2018 ou encore Le fils de l’épicière, le maire, le village et le monde de Claire Simon en 2020.
Dans l’esprit et l’esthétique de Swing Swing, il propose en 2012 avec Black box une rêverie rétro-futuriste autour du blues, et en 2021 publie Rhapsodic à partir de documents sonores puisés dans les trésors de la collection “Prophet” de l’ethnomusicologue Charles Duvelle.